mercredi 20 mai 2015

Que se passe-t-il au Brésil ?


Depuis plusieurs mois le Brésil est en proie à des troubles sociaux importants, et à des mouvements réclamant la démission de la présidente Dilma Rousseff. Cette dernière doit composée avec les attentes populaires brésiliennes, ses promesses électorales, mais également les difficultés économiques que connaît actuellement le Brésil.
En effet, malgré une victoire électorale face à la droite en octobre dernier ( voir : Brésil, Uruguay : nous sommes en tête  et Brésil : Dilma en tête  ), la présidente peine a consolider son pouvoir face à une droite réactionnaire et revancharde qui n'hésite pas à réclamer le retour de la dictature militaire.

Les critiques ne viennent cependant pas seulement de la droite. Après la nomination d'un ministre de l'économie proche des milieux d'affaires, et après l'annonce de quelques mesures d'austérités, les critiques sont également venus de la gauche du gouvernement.

Il faut déplorer le fait que le Brésil n'est pas dans une optique de transformation  "radicale" de sa société, comme cela a pu être le cas dans d'autres pays d'Amérique latine. Pourtant le poids mondial du Brésil, caractérisé notamment par sa présence au sein des BRICS, pourrait lui permettre un total affranchissement de la tutelle des institutions financières.
D'ailleurs, le premier ministre de la Chine, autre pays membre des BRICS, Li Keqiang effectue une visite officielle dans quatre pays d'Amérique latine, dont le Brésil. Destinée à renforcer les liens entre les deux pays, cette visite devrait également permettre d'accentuer les échanges économiques, et de signer plusieurs accords de coopérations.

La droite quant à elle ne cesse de dénoncer les scandales de corruption qui toucheraient le gouvernement et les entreprises publics, oubliant sans doute les affaires de corruptions au sein des partis de droites et des financiers. Si en effet des problèmes ont été révélé, ils n'impliquent en rien la présidente du Brésil. En ne cessant de clamer à la corruption, la droite, soutenue par les médias occidentaux, n'a qu'un objectif en tête : remettre en cause le rôle de l'Etat dans le processus de réformes sociales destiné aux brésiliens les plus pauvres.

Car il ne faut pas perdre à l'esprit que malgré des décisions contestables, Dilma Rousseff a réaliser de grandes choses pour son peuple. Avec la création de multiples programmes sociaux pour l'alimentation, l'éducation, la santé où les logements, avec des revalorisations du salaire minimum sous son dernier mandat, où encore avec des politiques qui ont mené 35 millions de brésiliens à une sortie de la pauvreté, Dilma Rousseff peut s'appuyer sur un bilan flatteur.
Des programmes sociaux qu'elle ne compte pas diminuer ou supprimer, comme l'aurait souhaitée la droite. Elle a ainsi annoncé que, d'ici à 2018, 27 millions de personnes auront accès à un logement. Grâce au projet gouvernemental " Ma maison, ma vie" des millions de brésiliens devraient donc bientôt avoir accès à des logements neufs et de qualités.

Les réformes concernant l'alphabétisation et l'éducation devraient être également poursuivies. Mais, là où encore une fois la droite ne cesse de critiquer le gouvernement, les professeurs eux clament leur ras-le-bol de la gestion de l'éducation par des gouverneurs de droite dans certaines provinces du pays. Ainsi au début du mai, des manifestations ont éclaté, notamment dans la province de Sao Paulo. Les gouverneurs de droite des régions concernées n'ont pas hésité à envoyer la police, ce qui n'a dérangé ni les dirigeants réactionnaires qui clamaient à la corruption, ni les médias occidentaux qui étaient pourtant présents pour relayer les manifestations anti-Dilma. On voit la tout le cynisme de cette droite brésilienne qui n'a que la violence comme moyen d'action. Là où la présidente tente de mettre en pratique des politiques favorables aux élèves comme aux enseignants, les gouverneurs de droite eux ne se soucient ni de la réussite des élèves, ni de la rémunération des professeurs.


Par ailleurs, la présidente vient d'annoncer il y a peu la protection de 232 544 hectares de terres indigènes appartenant à quatre ethnies différents. Même si la question des indigènes, et des terres leur appartenant, continue à faire débat au Brésil, et en Amérique latine, cette annonce ne peut qu'être accueilli positivement.

Enfin, le Brésil a récemment annuler un contrat de 2 milliards d'euros avec une entreprise de sécurité israélienne en vue des Jeux olympiques 2016. L'occasion pour le Brésil de réaffirmer son soutien à la digne lutte du peuple palestinien.

La situation au Brésil reste donc difficile à cerner, avec d'un côté une présidente,

soutenu par les syndicats, les partis de gauche et les mouvements de la société civile, qui tente tant bien que mal de mettre en oeuvre de vastes programmes sociaux, et de l'autre une droite conservatrice et réactionnaire ne rêvant que de la destitution de la présidente et usant de la violence pour se faire entendre.
Certes l'action de Dilma Rousseff n'est pas parfaite, et est critiquable sur de nombreux aspects, mais imaginez juste un instant ce que serait le Brésil avec un gouvernement et un président de droite au pouvoir. 

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