lundi 13 juillet 2015

Sur la situation de la Grèce


 Dimanche 5 juillet, à Athènes sur la place Syntagma, des milliers de citoyens grecs se réunissent pour fêter la victoire du "non" au référendum organisé par le gouvernement. A la question souhaitez-vous accepter l'ultimatum des créanciers, le peuple grec a répondu massivement "oxi" à plus de 61%. Il envoyait ainsi un signal fort aux créanciers de la zone euro et du FMI.

Ces derniers qui, durant la courte campagne du référendum, n'ont cessé d'appeler à voter "oui" et ont exercé sur le peuple grec toutes les pressions possibles. La banque centrale européenne (BCE) a elle aussi effectué un chantage contre la démocratie. En coupant les liquidités aux banques grecques elle les a obligées à fermer, et a forcé le gouvernement à prendre des mesures d'urgence, telles que le contrôle des capitaux, afin d'éviter une banqueroute.

Puis, dans la nuit du 9 au 10 juillet, le gouvernement annonce la proposition d'un accord reprenant en grande partie ce que demandaient les créanciers, même s'il est vrai que le gouvernement démontre sa volonté de maintenir un cap et de préserver les plus démunis.
Peu après l'annonce de ce plan, bien que sceptique, j'ai essayé de me convaincre que cela faisait partie de la stratégie sur le long terme d'Alexis Tsipras, ce qui n'est pas à exclure. S'il parvenait à obtenir plusieurs dizaines de milliards d'euros, tout en imposant une annulation d'une partie de la dette, ce serait alors une bonne nouvelle pour le peuple grec. Surtout cela éviterait à son gouvernement d'avoir à revenir chaque mois à la table des négociations pour demander 5 où 6 milliards d'euros au FMI. Et cela permettrait ainsi au gouvernement de mettre en place le programme initial, du moins en grande partie, de Syriza.

De surcroît il ne faut pas non plus perdre de vue les élections qui auront lieu en Espagne ( fin 2015 ) et en Irlande ( probablement en 2016 ), qui elles aussi pourraient grandement influer sur l'avenir de la Grèce si les peuples respectifs de ces deux pays plaçaient leur confiance en des forces anti-austérité- Podemos et Izquierda Unida en Espagne, Sinn Féin en Irlande.

Pourtant, malgré cela, nous ne pouvons que reconnaître que le gouvernement a lâché beaucoup trop de choses aux créanciers, notamment sur la TVA et sur les retraites mais aussi sur les privatisations. Ceci étant d'autant plus dur à comprendre pour le peuple grec, que le "non" au référendum aurait dû donner plus de force au gouvernement dans ses négociations.

Malgré tout il ne faut pas exclure que la Grèce ne représente que 1,9% du PIB européen et que donc les possibilités et les marges de manoeuvre contre l'Eurogroupe sont minces, sans oublier non plus que le premier ministre grec est encore jeune et qu'il a contre lui tous les gouvernements de la zone euro. Il faut voir avec quel mépris le gouvernement allemand, traite Syriza et espère que le gouvernement progressiste grec chutera. De l'avis de plusieurs experts, Tsipras a subi un chantage insoutenable de la part de Merkel qui aurait même exigé que l'argent de l'Etat grec soit placé dans un compte au Luxembourg, ce qui aurait constitué une perte important de souveraineté.

Néanmoins et en dépit de toutes les pressions qu'à pu subir le gouvernement, si certains se battent pour le défendre, des personnalités importantes de Syriza dénoncent ,elles, l'accord expliquant qu'ils n'ont pas été élus pour cela. Le désormais ex-ministre des finances Varoufakis, la présidente du Parlement grec, des députés, des ministres, des militants et l'héroïque euro-député Manolis Glezos- celui qui durant la seconde guerre mondiale avait décroché le drapeau nazi de l'Acropole pour y mettre à la place le drapeau grec, critiquent ouvertement le texte. En outre, un récent sondage démontre que 79% des grecs ne veulent pas d'un autre plan d'austérité.

Toutefois, il est possible que ce programme de réforme exigé par les créanciers ne voit pas le jour si la question légitime de la dette n'est pas mise sur la table des négociations. C'est pour cela que malgré les réticences que peuvent engendrer les réformes que va devoir faire Athènes, la solidarité envers la Grèce ne doit pas diminuer. En espérant que Tsipras sait ce qu'il fait et qu'il n'a pas renoncé
au projet de départ de Syriza.

* A l'heure où ces lignes sont rédigées l'incertitude plane toujours quant à l'acceptation du texte proposé par Tsipras, par l'Eurogroupe.

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