lundi 20 juillet 2015

Repenser notre rapport à l'Europe


Ce que vient de vivre la Grèce ne peut qu'en attester, il est désormais impératif de changer notre manière d'appréhender l'Europe et la zone euro. Le mythe d'une "Europe sociale" que l'on pourrait réaliser en la transformant de l'intérieure vient de s'effondrer en l'espace de quelques mois. Après que le gouvernement grec est été obligé d'accepter un troisième mémorandum alors qu'il portait la volonté du peuple grec d'une fin de l'austérité.

L'Eurogroupe et la Troïka ont exercé un chantage et des pressions nullement vus auparavant. Il faut voir avec quel mépris les dirigeants européens, Angela Merkel en tête, ont traité le peuple grec et ses choix démocratiques, le 25 janvier et le 5 juillet lors du référendum.

Certes nous pouvons toujours tenter de nous consoler en nous justifiant par le fait que la Grèce ne pèse que 2% du PIB européen, mais il convient d'être honnête, le même chantage sera exercé sur chaque pays et chaque peuple refusant le dogme néolibéral qu'ils veulent imposer.

Pour nous français, ce qui vient d'arriver au peuple grec aura de fortes répercussions sur le plan politique. Beaucoup de personnes qui, comme moi, avaient la profonde conviction qu'un changement de l'Europe en faveur d'une Europe des peuples et de la solidarité était possible en l'état des choses, sont maintenant persuadés de l'impossibilité de cela si nous ne revoyons pas notre lien par rapport à l'euro.

Or, aujourd'hui, le seul Parti, réalisant de hauts scores, et ayant pour revendication la sortie de l'euro, c'est le Front national. D'où cette question qui s'impose : est ce que le Parti communiste français et plus généralement le Front de gauche doivent d'ores et déjà inscrirent
dans le programme une sortie de l'euro ? Ou bien faut-il paraître moins "radical" et plus "démocrate" en inscrivant plutôt cette question sous la forme d'un référendum qui donnerait la parole au peuple ?

Nous pouvons également attendre les prochaines élections dans d'autres pays, notamment en Irlande et en Espagne. Si nos camarades venaient à gagner et à faire plier les créanciers, alors nous pourrions continuer à clamer l'idée d'un changement de l'Europe par l'intérieur. Si l'inverse se produisait, alors il ne faudrait plus attendre et changer diamétralement d'opinion sur ce point.

Quoiqu'il en soit notre vision de l'Europe en sera changé, elle l'est déjà. Cela ne veut pas dire que nous refusons l'idée d'une intégration régionale, bien au contraire. L'exemple de l'Amérique latine nous le démontre, une fois de plus, avec une multitude d'organisations régionales : l'UNASUR, la CELAC, le MERCOSUR où encore l'ALBA. La différence entre ces institutions et l'Europe est pourtant majeur. Chacun de ces pays latinos-américains, bien que membres de ces organisations, respectent la souveraineté des autres nations, en ne tentant jamais d'y appliquer une quelconque ingérence. C'est ce à quoi nous devons arriver en Europe, sans quoi ce seront les fascistes qui parviendront à revenir sur le devant de la scène politique. 

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