vendredi 5 juin 2015

La République bafouée



La visite du Roi d'Espagne et le changement de nom de l'UMP au profit des républicains ont été deux événements qui, loin de rendre hommage à la République l'ont insulté. 

Alors même que les mouvements et partis prônant la fin de la Monarchie et l'instauration de la République sont en passe de gagner les élections législatives espagnoles au mois de Novembre prochain, principalement Podemos qui propose un référendum sur le maintien- ou non- de la monarchie, la France préfère inviter les symboles d'un régime corrompu.

Ce n'est en effet plus un secret pour personne, l'Espagne est l'un des pays les plus corrompus de l'Union européenne avec pas moins de 350 élus qui seraient impliqués dans des affaires judiciaires, notamment des parlementaires et autres élus du Parti populaire de la droite espagnole, ainsi que des membres du Parti socialiste des ouvriers espagnols (PSOE), c'est à  dire ceux qui n'ont de cesse de dénoncer  "l'assistanat" des plus démunis. La famille royale espagnole est elle aussi directement impliquée puisque l'infante royale est au coeur d'une affaire de blanchiment d'argent.

Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, a donc choisi d'inviter ce roi-ci, issu d'une lignée qui, faut-il le rappeler, a été instaurée par le dictateur fasciste Franco. A la fin de son règne, ce dernier avait en effet désigné pour monarque Juan-Carlos, son neveu et père de l'actuel roi Felipe VI. Si l'on veut remonter dans le temps, c'est donc une insulte faite à tous les combattants républicains de la liberté qui se sont battus ardemment au sein des Brigades internationales pour tenter de préserver la République espagnole face au putsch des franquistes. Une République espagnole initiée sous le Front populaire qui avait notamment mis en place un programme de réforme agraire et de programmes destinées au peuple. D'autant que le roi espagnol n'est pas le chef du gouvernement espagnol, il n'a qu'une valeur symbolique dans son pays, telle la reine d'Angleterre.

En 2013 Rafael Correa, président socialiste de l'Equateur, avait visité la France et avait notamment donné une conférence à la Sorbonne, mais aucun grand média n'avait relevé cette visite d'un chef d'Etat qui a contribué au bien-être de son peuple par le biais d'une Révolution citoyenne et de sa politique intitulée socialisme de "buen vivir" ( bien vivre ). A un point tel que même les économistes du FMI, que Correa a chassés de son pays, estimant à juste titre que leurs "conseils" n'avaient conduit qu'à la misère, parlent du miracle équatorien. Mais pour le gouvernement français, un président socialiste élu par son peuple semble moins important qu'un monarque représentant l'ancien régime, et qui plus est élu par personne d'autre que par son père.

L'autre événement est le changement de nom de l'UMP pour les républicains. Si ce changement de nom peut paraître anodin, il reflète la volonté de la droite de s'approprier le nom de la République alors même que ce dernier signifie justement le commun et de ce fait est donc destiné à tous puisque profitable à tous. L'idée de République et le mot "républicain" ne peuvent donc pas être appropriés par un seul parti, ou un seul mouvement puisque nous sommes tous des républicains ne souhaitant nullement rétablir la monarchie. Ainsi lorsque nous nous définirons comme républicains, dans le sens de partisans de la République, nous devrons désormais systématiquement marquer la nuance avec le parti du même nom qui par ailleurs ne la respecte pas. La République implique les idées d'égalité, de fraternité, de justice, de solidarité et de liberté, des valeurs que les dirigeants de la droite ne cessent de bafouer. La plupart sont impliqués dans des affaires jucidiaires, et on ne compte plus les multiples procédures en cours concernant le chef des républicains, l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy. 

C'est donc un pur stratagème de communication en vu des prochaines élections et notamment les présidentielles de 2017, que la droite espère de nouveau gagner après 10 ans de gestion désastreuse. Il faudra donc que nous restions vigilants face aux tentatives de récupérations de la part de la droite.

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